Salviandre, Incube aux origines...inconnues?

Le voila maintenant seul, le mendiant devenu vicomte, devenu officiellement mort, redevenu officieusement mendiant. Un juste retour aux origines, malgré sept ans passé a la tête d'un vicomté, entouré de nobliaux et de conseillers, ainsi que de serviteurs, qu'il avait traité comme ses fils et ses filles jusqu'à son "dernier jour". Voila que, des années durant, il mendie et vend son corps aux femmes comme aux hommes pour gagner de quoi vivre...Dans tous les sens du terme. Sa première fois fut avec une demoiselle, qui, malgré certains atouts, manquait de charme pour être -ce sont les mots que lui dicta son cerveau à cet instant- "digne de lui". Il n'eut qu'une envie, ce fut de la tuer, au moment de la jouissance. Il s’apprêtait, après l'assouvissement de sa pulsion jouissive, à l'étrangler, quand elle tomba sur le côté, vidée de toute conscience, et qu'il se sentait...Neuf...Comme empli d'une nouvelle énergie...Il ramassa son paquetage, dont sa rapière et ses habits préférés (deux livrées pourpres de valet, une tenue magnifique offerte pour le cinquième anniversaire de son accès au titre de Vicomte de Turennes, toute de fourrures et de velours, un véritable habit princier. Celui qu'il mettra lorsqu'il recevra des "invités" importants. Et enfin, une tenue de bretteur, héritage de sept ans d'entrainement au combat avec la rapière, une arme qui le fascinait pour sa légèreté et sa destructivité. Une arme digne de lui, tant elle était parfaite.

Ainsi se révéla le véritable sens des mots qu'il avait entendu, enfant...Ainsi ce poème se terminait par des vers qu'il avait oublié...Des vers qui revinrent en même temps que ce sentiment de puissance, d'ivresse, de plaisir...

Les vers lui revinrent comme un aller-retour de gifles en plein visage. Il savait depuis toujours qu'il était différent. Maintenant, il savait comment. Il n'avait jamais cru les vers de ce poème. Maintenant, il savait tout. Et il savait ce qu'il devait faire. Ainsi donc, les années passèrent, près de cinquante ans ou il vendit son corps. Il avait connu les débuts de la rapière, connut vite les débuts des mousquets et arquebuses, et bientôt, ces livrées qu'il gardait avec lui, devinrent la mode chez les courtisans dans tous les châteaux, et il en eut une idée de génie: monter à Paris. Son nom, noble, lui vaudrait d'avance une certaine réussite. Le vicomté de Turennes comptant plusieurs héritiers de son âge, personne ne se soucierait de savoir si Salviandre était de ceux la ou non.

A pieds, il rejoignit la capitale, marchant durant des jours a travers les intempéries, les coupe-jarrets qui tentèrent de lui faire les poches, et les jeunes gens moqueurs de ses vêtements -car il portait, pour éviter d'attirer les convoitises, une cape de bure brune, vestige de son enfance, et des haillons. Arrivé dans la capitale, il n'eut qu'a continuer son métier, quelque peu aidé par d'anciennes familles qui lui devaient des services, du moins, qui en devaient à la famille De Noircastel. La plupart de ces dettes étaient tombées dans l'oubli, mais Salviandre avait une mémoire à toute épreuve. Se constituant ainsi un petit pécule, il parvint à acheter une maison à Paris. Petite, certes, mais une maison tout de même. Il était la coqueluche du peuple parisien de l'époque, tant et si bien qu'il s'en vit obligé de dépenser son or sous peine de se le voir dérobé. Son "travail", ses magouilles, ses alliances, en tout point il avait de quoi gagner de l'argent a ne plus savoir qu'en faire. Il sut pourtant, après des années a dépenser son or en choses frivoles, il trouva un terrain qui valait une petite fortune, et y fit construire un manoir. Un grand manoir de pierre blanche, dont la porte d'entrée était surmontée d'un tympan représentant plusieurs scènes de la vie de tous les jours, supplantées par une, au milieu, qui représentait un homme debout, nu, le regard fier. représentant Salviandre. Il y installa tout le confort possible, tant et si bien qu'il se ruina complétement, mais continuait à recevoir des visites en tous genres dans sa petite maisonnette parisienne, dont il fit plus tard don à un enfant. Un jeune mendiant vêtu d'une horrible cape en haillons. Il la lui offrit avec de quoi survivre pendant quelques années sans manquer de rien, et partit s'installer dans son manoir provincial, a qui il donna le nom de "Bastion".

Dix ans plus tard, alors qu'il vivait de ses exploits au lit, Salviandre décida d'officialiser sa résidence, ainsi ne parlait-on plus d'aller voir Salviandre, mais d'aller "au Bastion", maison close qui employait plusieurs dizaines de jeunes gens prêts à vendre leur corps, et deux médecins pour examiner employés comme clients. L'honneur du à son rang masculin avait disparu en même temps qu'était apparu ce besoin de vendre son corps, et l'incube ne se souciait pas des "on-dit", ni de ce qui se laissait entendre derrière son dos. De l'or qui lui restait, il apprit à jouer de la rapière, se payant les services d'un mousquetaire, ainsi que des armes à feu auprès du même maitre. Quand il fut en mesure de tuer un oiseau en vol en tenant son arme à une main, il remercia son entraineur, et se concentra sur une autre de ses passions. La littérature. Et il écrivit ses mémoires, comme vous le voyez ici, lecteurs, car c'est de sa main qu'ont été rédigés les mots que vos yeux lisent en cet instant. Il lut énormément, dotant le Bastion d'une bibliothèque colossale, puis il choisit de ne plus se centrer sur un domaine artistique. De l'art du combat à celui de la littérature, puis à la cuisine, à la musique, à la peinture, et tant d'autres arts tels que celui de donner encore plus de plaisir lors d'ébats sexuels, Salviandre toucha à tout les domaines, pour devenir un incube parfait, emblème même de la beauté et de la perfection artistique, et d’acquérir une main de fer dans un gant de velours, qu'il présente depuis lors à tous.

Mais son histoire ne s'arrête pas à une vie de solitude, car il se trouva un jour où...vous le verrez dans le chapitre suivant, il n'est ma foi pas la peine que tout vous soit dévoilé maintenant...